Contes Cruels
Auguste Villiers de l'Isle-Adam (1838-1889) est un auteur dont le nom figurait au dos d'un recueil de contes de Jean Richepin à titre d'illustration.
Le fait que l'auteur du résumé le situait dans la lignée d'Edgar Poe m'a
immédiatement titillée, étant toujours à l'affût de génies...peu
conventionnels. C'est donc avec enthousiasme que je me suis lancée dans
la lecture de ces Contes Cruels.
Villiers de l'Isle-Adam écrit des contes fantastiques que l'on pourrait grossièrement décrire comme des histoires à la manière d'Edgar Poe clôturées par une chute
qui aurait ravi l'esprit tordu d'un Maupassant, mais aussi et surtout comme des nouvelles cruelles, qui dépeignent sans le moindre ménagement ses
contemporains. Il s'attaque notamment à la cupidité, la superficialité
et le matérialisme des personnages de son temps, dans les nouvelles La
machine à gloire ou encore Vox Populi.
D'une manière
générale, Villiers de l'Isle-Adam réagit au matérialisme et à
l'attachement de ses contemporains pour la science par un amour de la
Beauté et de l'Art qui imprègne ses nouvelles de poésie, embellie par un
style d'écriture qui ne peut laisser personne indifférent. J'ai entendu
un très grand nombre de personnes se plaindre de styles qu'elles
jugeaient "trop lourds", mais jamais celui de Villiers de l'Isle-Adam ne
m'a donné cette impression d'être indigeste. Bien au contraire, la
syntaxe soignée m'a paru être tout à fait naturelle, contrairement à
certains auteurs donnant l'impression qu'ils se forçaient à soigner la
forme. Il faut aussi ajouter que Villiers de l'Isle-Adam a su être
cynique, cruel, sans nécessairement utiliser un vocabulaire cru, preuve
pour moi qu'on peut être caustique tout en restant subtil.
Ces Contes Cruels
plairont énormément aux amateurs de fins atroces, sans pité, mais aussi
aux amoureux de la poésie, du romantisme et du fantastique. La
nouvelle qui servirait de meilleur exemple serait Véra, dans
laquelle un comte se refuse à accepter la mort de sa femme. Le lecteur
oscille sans cesse entre une explication surnaturelle, celle de la
survie de l'épouse après sa mort, et le rationnel, un délire du comte
éperdu de chagrin...
Le mot de la fin? Lisez ce recueil
magnifique, qui est pour moi digne des plus grands du XIXè, par son
style, l'imagination perverse de l'auteur -qui ne fait que s'inspirer
des travers de ses contemporains-, et le romantisme dont il est capable.
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