Le coin des fous
J'ai découvert Jean Richepin (1849-1926), poète, auteur et acteur de théâtre né en Algérie, dans l'atrocement génial Musée des horreurs
de Nathalie Prince, et je ne cesse depuis de m'en vouloir pour ne pas
avoir cherché cet excellent auteur plus tôt. J'ai donc quasi
immédiatement voulu remédier à ce terrible manque, et mes efforts ont
été récompensés par cette trouvaille : le recueil Le coin des fous,
histoires horribles, qui contient près d'une trentaine de nouvelles.
J'ai bien conscience que le travail de cet homme
recouvre bien plus que la maigre parcelle que j'ai pu en apercevoir,
mais ce recueil m'a vraiment mis l'eau à la bouche. Je pense que ce
sera le cas pour tous les amateurs de contes à la fois macabres, cruels,
et teintés d'humour noir, exactement dans la même veine que celles que l'on retrouve dans le Petit musée des Horreurs. Les chutes sont efficaces et souvent aux
dépends des personnages principaux, ce que les admirateurs de Maupassant vont certainement adorer. Bien évidemment, et ceci ne vous
surprendra pas puisque vous commencez à me connaître, le fantastique est
le registre dans lequel s'inscrivent la plupart des nouvelles, mais
encore une fois, on est loin des traditionnels fantômes et sorcières. Tout comme les nouvelles de la première partie du musée des horreurs, le fantastique repose sur des
hallucinations. En ce qui concerne les nouvelles dont le cadre est réaliste, je pense que vous apprécierez leur ton très ironique.
Je ne vous citerai que certains thèmes présents, histoire de vous
donner envie :
un miroir
dont la surface a toutes les apparences de l'eau croupie, et auquel est
rattaché un mystérieux poème autour d'une ondine,
une horloge aux mécanismes démoniaques,
un médecin tout fraîchement mort laissant un héritage terriblement génial...
L'esprit des nouvelles se rapproche énormément de la littérature
fin-de-siècle (dix-neuvième siècle, bien entendu). Les monstres ne
sont pas de simples étrangers aperçus de loin, le temps d'une apparition
dite effrayante mais sans plus : ici, chaque créature surnaturelle
touche de près l'esprit du personnage qui la voit apparaître, est un
écho à ses frayeurs ou désirs profonds.
Encore une fois, j'adore
le fantastique qui a émergé aux XVIIIè et XIXè siècles, qui pour moi
définit l'imaginaire occidental d'aujourd'hui. Regardez un peu autour de
vous : les films d'horreurs, les séries, les romans, toutes les
histoires supposées terrifiantes portent la marque de cette littérature.
En faisant quelques recherches, je me suis rendu compte que Le
coin des fous, histoires horribles n'est pas le seul recueil de contes
du même registre que Jean Richepin ait écrit. Je regarderai certainement cela de plus près. Si vous en savez plus, je serais ravie de vous entendre à ce sujet!
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