American Psycho



   American Psycho est un roman de Bret Easton Ellis paru en 1991, et adapté au cinéma en 2000 par Mary Harron. Le personnage principal, le véritable centre de l'histoire, est Patrick Bateman (joué par Christian Bale), un golden boy new-yorkais de 27 ans... qui est un psychopathe.

    Le personnage est très impressionnant et répugnant à la fois. Je dis impressionnant, parce qu'il est d'une intelligence redoutable, et répugnant pour ses actes et pour la plupart de ses idées bien sûr. Bateman est raciste, méprisant envers les personnes d'une position sociale inférieure à la sienne (ce qui fait beaucoup de monde), en particulier les SDF, qu'il n'hésite pas à tuer sauvagement dans la rue. Ah, et j'oubliais le principal : les femmes. Ce sont elles qui souffrent le plus des idées et pratiques tordues de Bateman, qui les utilise comme des objets et prend plaisir à les torturer.

    Bref, c'est un être odieux, comme vous venez de le constater. Mais au-delà de ça, je pense qu'Ellis a voulu sous-entendre que Bateman est également un produit de la société américaine qui, même si elle n'est pas plus maléfique qu'une autre, met à tel point l'accent sur la réussite personnelle, le confort matériel et l'apparence qu'elle peut créer des monstres. Bien sûr, cette explication ne se suffit pas à elle-même, il est aussi nécessaire que la personne soit un peu dérangée...
    En effet, Bateman est très soucieux de son image, à tel point qu'il veut à tout prix renvoyer une image de perfection et de réussite. Et quand je dis "à tout prix, prenez-le au sens littéral. On voit également qu'il est totalement obsédé par l'apparence, au point de décrire systématiquement et avec de très nombreux détails la tenue de chacune des personnes qu'il rencontre. On peut lire jusqu'à une vingtaine de lignes uniquement consacrées aux marques, texture et style des vêtements portés par les autres personnages, mais aussi par lui-même, ce qui est assez troublant au début. Je vous avoue qu'au fil des pages, je ne lisais plus ces descriptions qu'en travers tellement elles me paraissent ennuyeuses. Je ne pense pas pour autant que Bret Easton Ellis ait fait une erreur en écrivant ces passages : il voulait peut-être simplement nous montrer que des choses préoccupant Bateman de manière démesurée nous apparaîtraient seulement sous la forme de détails futiles. Batemen prend également un soin très particulier à sa toilette et aux soins corporels - je sais que cette remarque peut paraître inutile mais je vous assure que c'est perturbant à lire et à voir...

    Le film a eu une suite, qui s'intitule tout simplement American Psycho 2, mais je ne sais pas ce qu'il en est pour le roman (je ne pense pas qu'Ellis ait écrit une suite, et certainement pas celle-là , mais on ne sait jamais.) Le réalisateur n'est autre que l'excellent Morgan Freeman, que je ne connaissais pas du tout en tant que réalisateur, mais je ne l'attendais pas sur ce genre de film.
    Pour le bref résumé : Mila Kunis, qui joue la psychopathe, a survécu à une agression de Bateman, qui s'en est pris à sa baby-sitter... et elle l'a tué. Plus tard, étudiante en criminologie, elle compte devenir l'assistante d'un prof travaillant pour le FBI et se débrouille pour éliminer tous ses obstacles. Encore une fois, "éliminer" est à prendre au sens littéral.
    Je ne l'ai pas trouvé aussi bien mené que le premier film, pour plusieurs raisons, en particulier parce que le personnage de la jeune étudiante me paraît bien fade à côté de Bateman. Je crois que c'est aussi le côté plus "fun" de ce film qui m'a moins plu : même si celui de Harron contient des scènes presque décalées (une musique qui ne convient pas totalement et enlève du sérieux, par exemple), j'ai trouvé qu'il était loin de la suite. Toutefois, il donne quand même une "leçon" similaire à celui du premier film, (ou du moins ce que je pense être cette leçon puisque je ne suis ni dans la tête de l'auteur, ni dans celles des deux réalisateurs), à savoir qu'il faut se méfier des sociétés encourageant de manière trop appuyée la réussite personnelle au point de fermer les yeux sur les moyens qu'on emploie pour parvenir à ladite réussite...

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